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Théâtre Régional de Beauvais
Un terrain inscrit dans une continuité historique
À Beauvais, le site du projet hérite d’une large sédimentation historique. L’espace est localisé près de l’établissement des thermes gallo-romaines, non loin des rives du Thérain, et a traversé l’histoire jusqu’à la sortie de la guerre. Dans les gravats de la reconstruction, une vie culturelle populaire s’est redressée. Des hangars ont d’abord été récupérés pour faire office de salle des fêtes, avec une valorisation de l’architecture de ces bâtiments exprimée dans les années 1970.
Peu à peu, la salle des fêtes s’est transformée en salle de spectacles, tentant d’accueillir au mieux les événements culturels avec ses 450 places et sa faible hauteur sous grill. Mais les limites de cet outil ont, saison après saison, exclu la ville de Beauvais du circuit de la vie culturelle Française, ne pouvant accueillir que de plus en plus rarement, les spectacles à disposition. C’est pourquoi, les élus ont finalement décidé de doter la Ville d’un véritable théâtre, et de le réaliser au lieu même de la continuité historique.
Penser un projet en un lieu trois fois plus grand que celui auquel il se substitue, oblige à une grande délicatesse dans la juste appréciation du rapport aux avoisinants déjà là. L’enjeu principal est celui de la perception d’un « intrus » volumétrique nouveau. Passant de 10, à 27 mètres de hauteur, le Théâtre gagne ipso facto le statut d’un nouvel interlocuteur urbain. L’objectif est de soutenir le mieux possible la conversation avec les deux monuments phares de Beauvais, que sont l’église Saint-Étienne, toute proche, et la Cathédrale Saint-Pierre, un peu plus loin.
Une nouvelle "présence" en ville
Une "Nef" profane
Pour relever le défi soulevé par ce projet, le Théâtre a été pensé comme «une déconstruction» de l’objet typologique théâtral en prenant le parti d’accentuer le déséquilibre volumétrique attaché traditionnellement à «l’objet théâtre». Pour ce faire, les hauteurs du bâtiment ont été abaissées au maximum, ce qui permet d’adoucir le rapport au voisinage, tout en augmentant la hauteur du volume.
Ainsi, le nouveau Théâtre du Beauvaisis s’élance dans le ciel, telle une nef profane dont la singularité propose une résonnance contemporaine avec les deux édifices prestigieux des siècles passés. L’expression de «nef profane» fait volontairement référence aux basiliques romaines dont l’architecture évoque le rassemblement des citoyens, regroupés au même moment dans un objectif commun.
Le foyer - ensemble dans une clairière
Tourné à 90 degrés du grand axe traditionnel d’une « scène salle », le hall du théâtre se tourne résolument vers la ville. Il annexe simplement, dans un geste tout naturel, une partie de l’espace public du parvis urbain, qui court sous les frondaisons du parking, et invite à rejoindre la rue principale de la Ville.
D’un point de vue architectural, il n’y a ici que l’action d’enfermer un vide « sous cloche » vitrée. Les billetteries, bar, foyer, escalier, s’associent pour offrir à ce théâtre, doté d’une économie frustre, les attributs monumentaux minimum, dus à son statut.
La valse harmonieuse du lustre et des escaliers, emporte le tout dans un tourbillon qui entraine le spectateur jusqu’en partie haute du foyer. Là, le plafond particulièrement bas guide le regard vers le ciel de Beauvais, avant d’entrer dans la pénombre de la salle. Les parois vitrées achèvent enfin d’adoucir la présence architecturale du bâtiment dans son rapport aux maisonnées voisines.
Que l’on y accède depuis le niveau bas du hall, en pied de gradin, ou par le haut, à la faveur d’une promenade surplombant la skyline de la ville, la grande salle se présente en un espace rassemblé, comme « ramassé » dans le creux des deux mains.
La grande unicité que l’on y ressent tient sûrement à la force d’un « bloc gradin » d’un seul tenant. Les sièges, assemblés en lignes continues, sont desservis par les seuls dégagement latéraux. L’aspect anguleux et concave de parois latérales assure, par sa géométrie, la bonne diffusion des premières réflexions essentielles
à la personnalité sonore de la salle.
Comme des bas-reliefs en bois, inspirés des motifs joyeusement végétaux des tapisseries de Beauvais, les motifs sculptés diffusants de la salle, confèrent aux parois sombres l’aspect de fourrés buissonniers, à moins qu’il ne s’agisse des frondaisons entourant une clairière singulière, dont le ciel « bleu magrittien » , nous indique une belle nuit d’été.
Une salle « bourgeoise, » ? non, plutôt une clairière au crépuscule
La petite salle
C’est un outil rectangulaire, de proportion « grecque », à l’efficacité radicale. Un gradin mobile de deux-cents places, peut se déployer en sens longitudinal sur un sol scénique menuisé qui se prête à la danse. La composition des finitions en parois donne à l’ensemble une signature acoustique sèche, propice aux répétitions, aux représentations de résidence, ou aux spectacles contemporains. La machinerie scénique y est d’un fonctionnement très aisé, puisque manipulable « à la main », à partir de passerelles ceinturant complètement la partie haute de la salle. La souplesse d’usage de l’ensemble facilite donc les opportunités et porosités programmatiques de l’action culturelle du territoire du Beauvaisis
Ce projet a été conçu dans une grande retenue programmatique. Recherchant la frugalité des dispositifs, les espaces du hall peuvent être ressentis, comme « petits », un peu en déficit de la monumentalité que l’on est habitué à percevoir pour un théâtre. Mais un effet positif a vite rejailli de cet agencement. Dès les premiers spectacles, cet espace a tenu le rôle d’une maison, celle des amoureux du théâtre, chargée d’intimité. Parallèlement, un petit réseau extérieur de recoins et terrasses diverses a été développé afin d’élargir les espaces jugés trop étroits. Les terrasses, ou terrassons, proposent des promenades propices à la flânerie et aux rencontres d’avant-spectacles ou d’entracte
Matériaux
Le béton blanc employé pour le Théâtre, teinté des nuances de la pierre environnante, cherche à renforcer une cohérence avec la matière urbaine de Beauvais. Le motif matricé des façades en béton s’inspire du style flamboyant de l’église adjacente. Il reprend, sous une forme contemporaine, le mouvement ondulant et sinueux des nervures d’ogives qui caractérisent son architecture.
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Le chantier
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